Common Future(s)
Depuis plusieurs siècles, la discipline design (au sens de l'activité de conception d'artéfacts et de systèmes) est exploitée comme moyen d'accélérer la production et la consommation, sans réel sens, sans participation à une narration commune et sans prise en compte de sa dimension systémique et politique. Le design a jusqu'à aujourd'hui participé à l'Anthropocène sans remettre en question son rôle et son impact. Devant les défis que posent l'Anthropocène et les changements imminents à venir touchant de nombreuses dimensions de l'existence humaine, Common Future(s) veut proposer un constat, transmettre le savoir le nourrissant, soutenir une recherche partagée et agir concrètement pour anticiper les difficultés à venir.
Le groupe Common Future(s) a pour ambition de fédérer des designers, des chercheuses et chercheurs, actrices et acteurs de collectivités et des personnes qui conçoivent des systèmes et des artéfacts libres afin de les faire collaborer autour des enjeux du design de demain.
Common parce que cette réalité matérielle, émotionnelle et culturelle, nous la partageons quelle que soit notre situation et pour nous souvenir que les communs sont essentiels à notre résilience, Future(s) car une infinité de chemins sont possibles et nous ne pouvons pas en prévoir un plus que les autres.
Lundi 16 juillet 2018 : première rencontre autour du design de demain
Lieu :
De 9h à 19h
Programme
Matinée
Interventions à partir de 9h30 :
- MC Paccard : introduction de la journée,
- Fabrice Liut : présentation de l'écosystème SOFFFA,
- Alexandre Monnin : présentation de ses activités à Origens Medialab, ESC Clermont et Adrastia,
- Thomas Jund : Vivre au Sénégal, dans une société maintenue en état d'effondrement,
- Thomas Di Luccio : La MJC Jean Macé : maintenir un projet social lorsque les ressources se raréfient,
- Fabrice Liut : les écosystèmes humains et la permaculture des esprits.
Repas ensemble au SOFFFA
Après-midi
À partir de 13h30 / 14h
- Tour de table : activités, connexions et attentes de chacun·e afin de dégager une cartographie de groupe et tracer les synergies possibles,
- Ateliers et échanges informels, échange de contacts.
Quelques idées de réflexion et d'action
Répondre à l'enjeu d'émancipation du design et lui rendre (assumer, affirmer) sa dimension de pratique systémique et stratégique (méthode de compréhension du complexe) :
- contribuer à intégrer de(s) designers dans les organes décisionnels des entreprises et organisations publiques, ()
- prouver et assumer l’acte de design comme un acte politique ()
Faire état de l'anthropocène et en faire notre nouvelle hypothèse / périmètre de conception, accompagner ce changement de paradigme à travers nos actions,
Transmettre à la future génération de designers des outils et des concepts qui viendront soutenir leur pratique.
Proto-manifeste
Le design doit s'affranchir de son rôle actuel d'accélérateur des cycles de consommation.
Le design doit participer aux modalités de la vie des humains.
Le design doit soutenir et nourrir les communs.
Le design doit faciliter les prises de décision au sein des systèmes complexes.
Promotion d'un système de pratique du design pour demain :
Prospérité :
- Proposer un modèle d'évaluation du besoin différent, pour s'adapter au besoin humain / systémique / émotionnel / politique plutôt qu'au besoin commercial /économique immédiat. Proposer une méthode d'évaluation de la solution en rapport au besoin.
- Promouvoir la prospérité plutôt que la croissance exponentielle, valoriser les mécanismes d'économie circulaire et d'échanges matériels.
- Proposer une nouvelle matrice d'évaluation du succès d'une initiative ou du fonctionnement d'un système.
- Privilégier les solutions affectant durablement la structure qui produit les effets que l'on cherche à modifier
Dignité :
- Créer des artéfacts qui respectent les personnes qui les utilisent / les possèdent, autoriser ces artéfacts à être désirables à travers leur respectabilité, pas à travers la sensation d'insatisfaction organisée. Les rendre respectables par leur réparabilité.
- "l’homme reste d’importance équivalente à chaque élément qui compose l’éco-système, ni plus important, ni moins important, juste équivalent." (Gauthier Roussilhe). Créer des artéfacts qui respectent autant l'humain que son écosystème.
- Promouvoir des modèles économiques, d'entrepreneuriat et d'organisation qui assurent une distribution du pouvoir juste, un accès à chacun·e aux outils de ce pouvoir et à un espace de parole équilibré, le tout en récompensant les personnes qui travaillent d'une rétribution décente, au sein d'une activité respectueuse.
Résilience
- Faire du principe d'externalité une composante essentielle de la pratique du design.
- Promouvoir la conception d'artéfacts s'appuyant sur des systèmes décentralisés et interopérables.
- Changer notre relation aux ressources matérielles / économiques en les considérant comme précieuses et limitées.
- Promouvoir un modèle de conception qui privilégie l'utilisation au plus long terme possible, décrire et rendre consultable le cycle de vie prévu de chaque artéfact par ses futur·e·s utilisateurs / utilisatrices.
- Promouvoir la notion de bénéfice réciproque : pour l'usager du dispositif conçu comme pour la structure dont on tire les ressources
Circularité
- Promouvoir la conception d'artéfacts dont les déchets et externalités peuvent s'intégrer à un cycle de vie plus large, ou parallèle, rendre ces cycles visibles.
- Promouvoir la création d'éléments interconnectés, interopérables, réutilisables, compréhensibles.
- Promouvoir une pratique du design qui respecte l'écosystème naturel dans lequel les artéfacts produits vont exister.
(Photo : )